31/03/2011
Quand le concept de pause s’invite en restauration rapide
Bettina Laville, Fondatrice et Présidente d'honneur du Comité 21 et membre du Conseil d’Etat, est venue clore l’Assemblée générale du SNARR, syndicat national de l’alimentation et de la restauration rapide, mardi 29 mars. Une démonstration volontairement provocatrice sur le thème « Les entreprises de restauration rapide, des responsabilités … durables ». Morceaux choisis.
La crise : « Il suffit d’une crise pour que l’environnement soit remis au goût du jour. Il n’y a pas dans le monde où nous vivons de court terme, de moyen terme et de long terme, mais une interaction entre ces temps différents. Concevoir que nos actions ont plus d’impact sur la planète à cause de la technologie, de la mondialisation, c’est cela le Développement durable ».
La restauration rapide est-elle durable ? : « L’alimentation doit contribuer à la santé ainsi que la Déclaration de Rio le stipule. La restauration rapide est-elle créatrice d’un mode de consommation non sain ? L’Agenda 21 de Rio parle de consommation « écologiquement naturelle ». En 1996, l’Organisation mondiale de la santé définit l’alimentation et la nutrition comme des facteurs de développement économique. En 2004, la Charte française de l’environnement reprend dans son article 1 la Convention de Rio : la préservation de la santé de la planète et de la santé humaine est un facteur primordial. Cette Charte constitutionnelle est au-dessus des lois. Quelqu’un qui n’obtiendrait pas une nourriture respectueuse de sa santé pourrait être reconnu lésé par un tribunal ».
L’impact du Grenelle sur la restauration : « Vous n’êtes pas tant que fournisseurs de repas particulièrement impactés par le Grenelle, en revanche, les restaurants le sont. Peu à peu les grands groupes de restauration vont être impactés par le rapport annuel DD [Développement durable, ndlr] à rédiger ».
Le concept de pause vs le concept de rapidité : « Le nom SNARR, c’est une provocation pour le DD : je vous suggère de broder autour du mot « pause ». Le temps que l’on prend pour manger a aussi son importance. En effet, le cerveau a besoin de temps. Il lui faut 20 minutes pour savoir que le corps est rassasié. La notion de temps est de plus en plus importante dans la société. Si vous avez le concept de la rapidité, vous avez également la proposition du concept de pause.
La responsabilité: « Même si l’on n’aime pas la restauration rapide, on la vit. Parmi ceux vous choisissent, il y a ceux qui aiment ça et ceux qui n’ont pas les moyens d’aller ailleurs pour une sortie familiale. Vous êtes acteurs de la sécurité alimentaire et vous avez une responsabilité environnementale, sociale et psychologique. Vous devez être les partenaires durables d’une agriculture de qualité. C’est un devoir dans un environnement urbain. Vous devez avoir une politique sur la bio et sur la biodiversité qui préserve l’apprentissage du goût. Avoir une politique des achats qui ne soit pas une politique de marketing vert.
La restauration rapide, acteur social : La restauration rapide est un acteur social en raison du coût modeste de repas. Le DD introduit une certaine schizophrénie. Nous sommes dans une société de consommation, avec rythme très rapide, tentatrice par objets technologiques. Dans le même temps, nous avons envie de préservation de la nature et de changement. La restauration rapide est au cœur de tout cela, elle représente un passage contraint dans lequel on voudrait retrouver nos valeurs.
Responsabilité sociétale : « Vous êtes également au cœur de la vie de famille. Or, c’est au sein de cette sphère que l’on apprend à manger, que l’on a des souvenirs de repas. La restauration rapide accompagne le plateau télé : c’est un moment de non écologie humaine pour l’esprit. A vous de faire en sorte que cela soit positif pour le corps avec la nourriture ».
La restauration rapide et la crise : « Vous avez un rôle. Vous pouvez être des symptômes de crise si vous ne faites pas de DD. Mais également être des adoucisseurs de cette crise ».