13/12/2009
Alimentation et changement climatique
En plein Sommet sur le climat de Copenhague, ce texte de Caroline Desplats (Master 2 Développement durable et Organisations, Paris Dauphine) interroge sur la permanence de l’accès à l’alimentation pour le plus grand nombre. Comment parer au défi climatique ? La solution passe- t- elle par une nouvelle façon de consommer ?
Le défi alimentaire
La « sécurité alimentaire »est considérée comme « l’accès permanent pour chaque individu ou groupe d’individus à une nourriture équilibrée et suffisante pour permettre une vie saine et active » (Réf. : Fondation Charles Léopold Mayer pour le Progrès de l’Homme, Paris)
1. La situation au début du XXIème siècle : une diversité intra-générationnelle prégnante
(Source : « Nourrir l’humanité», Bruno Parmentier, économiste, directeur de l’Ecole Supérieure d’Agriculture)
Ici on encourage la jachère ; ailleurs la faim domine.
Les Occidentaux mangent tous les jours et cela constitue un bouleversement considérable, l’abondance est est un événement nouveau pour l’humanité au XXème siècle.
Cependant, face aux nombreuses questions qui se posent concernant l’avenir de l’alimentation, aussi bien en termes de volumes disponibles à l’échelle de la planète que de qualité de ce que l’on mange, ils hésitent entre le changement des habitudes et la nostalgie, le laisser-aller et l’envie de reprendre la main sur cette part essentielle de la vie.
En France, la question alimentaire su se pose la majorité de la population n’est plus celle de l’approvisionnement mais celle de la qualité. Et contrairement à la quantité voilà un concept difficilement saisissable, dont chacun entretient une interprétation personnelle.
2. Enjeu du XXIème siècle : un défi qui va s’accroître avec le changement climatique
(Source : Silvia Gurrieri, spécialiste des politiques de coopération internationale de l’Union Européenne)
La planète doit relever un défi qui s’entremêle avec celui du changement climatique : le défi alimentaire. Le sujet ne porte pas sur une nouvelle famine ; le constat est aussi alarmant que l’équation est simple : population en hausse, ressources en baisse, et donc flambée mondiale des cours alimentaires, céréaliers notamment. Certes les populations les plus pauvres du tiers monde sont les premières exposées mais, ne nous y trompons pas, les répercussions seront générales et conséquentes.
Un défi complexe et multidimensionnel
(Source : Silvia Gurrieri, spécialiste des politiques de coopération internationale de l’Union Européenne)
La sécurité alimentaire est une notion complexe, multidimensionnelle qui dépendant des politiques agricoles et de coopération, des choix économiques, des réglementations commerciales et des politiques sociales des États.
Le défi est d’articuler démarche économique, protection de l’environnement et justice sociale dans un contexte de mondialisation économique, de marchandisation des ressources naturelles et d’approfondissement des inégalités.
Les acteurs nationaux et internationaux ainsi que la société civile doivent dialoguer et travailler ensemble pour relever l’un des plus grands défis de nos jours : l’assurance de la sécurité alimentaire.
La paix et la stabilité internationale dépendent aussi de l’efficacité des États à gérer l’insécurité alimentaire.
Moyens d’action pour relever le défi climatique
Au niveau de l’alimentation, les mesures à prendre sont nombreuses et potentiellement très efficaces:
o Adapter l’agriculture (rapport FAO)
Ø L’agriculture contribue au changement climatique mais fait aussi partie de la solution
Les émissions de GES provenant de la forêt et des secteurs de l’agriculture contribuent actuellement pour 30% des émissions totales annuelles (déforestation et dégradation des forets : 17% ; agriculture : 13%). Cependant l’agriculture par le biais d’une meilleure gestion des écosystèmes, une diminution du changement d’utilisation des terres et du déboisement apparente, l’emploi de variétés plus rentables, un meilleur contrôles des incendies de foret, des aliments plus nutritif pour le bétail ruminant, une meilleur gestion des déchets animaux, une gestion biologiques des sols, une agroforesterie et agriculture de conservation, peut aussi contribuer a réduire les GES et leurs impacts. De plus des systèmes du culture et de pâturages bien gérés peuvent stocker des quantités importantes de carbone.40% de la biomasse dans la terre et donc de carbone biologique sont gérés parles agriculteurs, les forestier ou les éleveurs. Il va de leur intérêt d’utiliser des systèmes de gestion qui combinent l’atténuation et l’adaptation améliorant ainsi la sécurité locale et mondiale.
Ø Les effets des changements climatiques et la production durable de nourriture vont main dans la main
Les pratiques durables de production de denrées alimentaires et les stratégies d’adaptation aux changements climatiques se soutiennent mutuellement. De nombreuses stratégies des gestions des risques climatiques et météorologiques vont de pair avec des pratiques agricoles durables et peuvent être encouragées par le biais de divers programmes et politiques dont l’objectif est la production écologiquement durable. L’intégration est un élément clef pour pratiquer et encourager la production durable de nourriture et pour développer une politique d’adaptation au changement climatique.
o Actions pour le consommateur :
Ø Comment choisir ses produits
Ø Moins de viande
Ø Moins d’emballages
Ø Consommer local et de saison
Ø Consommer bio
o Focus sur le Grenelle : l’affichage environnemental
Dans son rôle d’opérateur l’Etat assure directement la réalisation d’actions de protection de l’environnement qui donnent lieu à des dépenses publiques ; mais il agit aussi comme un régulateur de marché, obligeant ou incitant les agents économiques à modifier leur comportement. Au sein de cette catégorie d’actions la typologie oppose les instruments règlementaires aux instruments économiques. Les premiers imposent des contraintes (les normes par exemple), les seconds agissent sur le système de prix afin de fournir aux agents les incitations monétaires visant à modifier leur comportement. Ce sont essentiellement les taxes, les subventions et les marchés de permis d’émission.
L’affichage environnemental : un instrument de comptabilisation au service de la réduction des émissions de GES
Le changement climatique a été identifié comme l’un des plus grands défis auxquels les citoyens, les nations, les gouvernements, les entreprises vont être confrontés au cours des décennies à venir. Ce phénomène a des implications sur les systèmes et il pourrait entraîner des changements dans l’utilisation des ressources, les activités économiques et de production.
En guise de réponse, des initiatives internationales, régionales, nationales et locales sont en cours de mise au point et de mise en œuvre afin de limiter les concentrations de GES dans l’atmosphère terrestre. Le Conseil Européen et le Parlement se sont accordés sur le paquet climat-énergie.
En parallèle, en France le Grenelle de l’environnement a conclu que l’affichage de l’impact environnemental des produits devra être progressivement développé d’ici fin 2010.
Tout produit a un impact sur l’environnement ; l’éco consommation favorise le choix de produits qui, du fait de leur conception, génèrent moins d’impact tout en conservant leurs performances. L’affichage comptabilise les différents impacts significatifs d’un produit tout au long de son cycle de vie.
L’information environnementale, identifiée comme un levier majeur pour atteindre les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effet de serre (GES), va devenir obligatoire en France puisque le Grenelle de l’environnement fait de l’affichage une obligation règlementaire au 1er janvier 2011.
L’affichage environnemental est l’obligation de mettre à la disposition du consommateur l’information environnementale des produits en vente. Son objectif est de permettre au consommateur d’intégrer des informations concernant les impacts environnementaux d’un produit comme critère de décision de son achat.
L’affichage environnemental : un instrument d’information des acteurs
– L’affichage environnemental permettra aux entreprises et aux collectivités de calculer, ente autres, leur bilan carbone et leur impact sur les ressources. Grâce à cette information celles-ci seront alors en mesure d’identifier les facteurs de leur empreinte et de la réduire.
– De leur côté les consommateurs disposeront de l’affichage environnemental pour connaître l’empreinte environnementale des produits qu’ils achètent.
Le Grenelle a donné lieu à deux projets de loi : le Grenelle I qui est le projet de loi de « programme relatif à la mise en œuvre du Grenelle de l’environnement », et le Grenelle II qui est le projet de loi « portant engagement national pour l’environnement » c’est-à-dire déclinant en mesures concrètes les engagements.
Extrait de l’article 47 du Grenelle I :
« Les consommateurs doivent pouvoir disposer d’une information environnementale sincère, objective, et complète portant sur les caractéristiques globales du couple produit/emballage et se voir proposer des produits respectueux de l’environnement à des prix attractifs.
La mention des impacts environnementaux des produits et des offres de prestation de services en complément de l’affichage de leur prix sera progressivement développée, y compris au niveau communautaire, tout comme l’affichage et la mise à disposition, sur les lieux et sites de vente, de la traçabilité et des conditions sociales de leur production. La méthodologie associée à l’évaluation de ces impacts donnera lieu à une concertation avec les professionnels concernés. »
Le texte de loi a été voté le 15 juin 2009 à l’Assemblée Nationale, et adopté par le Parlement le 23 juillet.
Extrait de l’article 85 du code de la consommation, un article L112-
« A partir du 1er janvier 2011, le consommateur doit être informé par voie de marquage, d’étiquetage, d’affichage ou par tout autre procédé approprié, du contenu en équivalent carbone des produits et de leur emballage ainsi que de la consommation de ressources naturelles ou de l’impact sur les milieux naturels qui sont imputables à ces produits au cours de leur cycle de vie.
Des décrets en Conseil d’Etat précisent les modalités et conditions d’application du présent article pour chaque catégorie de produits et selon leur mode de distribution. »
Il est cours de lecture à l’Assemblé Nationale, le gouvernement a pour objectif de le faire voter d’ici la fin de l’année.
Principes généraux
– L’affichage environnemental recouvre l’ensemble des solutions permettant de transmettre une information au consommateur sur les impacts environnementaux du produit.
– Ces indicateurs rendent compte des principaux impacts environnementaux générés par le produit de manière lisible par le consommateur.
– L’affichage est l’obligation de mettre l’information à disposition du consommateur. Il est différent de l’étiquetage, qui est l’obligation de mettre à disposition l’information directement sur le produit.
o Où en sont les industries alimentaires françaises ?
(Source : ANIA)
Le Grenelle de l’environnement est un événement majeur de l’année. Cette initiative a permis de sensibiliser aussi bien les entreprises, les salariés que les consommateurs mais aussi de les associer à un projet commun : la protection de l’environnement. Les entreprises de l’alimentaire et notamment l’ANIA (Association Nationale des Entreprises Alimentaires) ont largement accompagné ce mouvement.
L’ANIA s’est très vite impliquée dans cette démarche, tant sur le plan individuel qu’aux côtés du MEDEF, dans un esprit ouvert et positif, afin de faire des propositions ambitieuses et adaptées aux entreprises du secteur.
– Dans le groupe traitant des « modes de production et de consommation durables », l’ANIA a soutenu un modèle agricole qui puisse relever le double défi de répondre efficacement à la demande globale croissante et de mettre en oeuvre des bonnes pratiques de protection de l’environnement.
– Sur la thématique des emballages, l’ANIA a présenté, en conférence de presse le 7 novembre 2007, avec l’ILEC et Eco-Emballages, un plan proposant des actions concrètes en faveur de la prévention et du recyclage des déchets d’emballages. Certaines ont d’ailleurs été reprises par l’intergroupe « déchets ».
– Le Grenelle de l’environnement a également eu pour ambition de placer le consommateur au coeur des mutations environnementales. Dans cette optique, l’amélioration du dispositif d’informations qui lui est destiné a été retenue. Soutenant cet objectif, l’ANIA a créé un groupe de réflexion et travaille, avec la CIAA, sur la rédaction d’un guide de « bonnes pratiques de communication environnementale »
Perspectives
L’alimentation face au changement climatique sera le résultat des adaptations du monde agro-alimentaire, de la mise en place d’une agriculture plus locale, plus écologique et plus flexible. Concilier les enjeux environnementaux nécessitera de ce fait une implication des consommateurs. Ils devront peut-être en contrepartie payer les produits plus chers et revoir leur modèle alimentaire.
Question :
A défaut de pouvoir juguler rapidement les changements climatiques, sommes-nous en mesure de garantir un accès à une alimentation équilibrée à une grande partie de la population ? Prospectives ? Est-il plus judicieux (ou urgent ? ou possible ?) de jouer sur un changement de consommation de biens alimentaires ou directement sur la production ?
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